2ème semestre 2021 |
Genius Loci - Parc de Pourtalès |
(Comment oublier le peu ?)
Genius Loci - Parc de Pourtalès |
2ème semestre 2021 |
Genius Loci - Parc de Pourtalès |
Genius Loci - Parc de Pourtalès |
Kandinsky - Paysage avec pluie - 1913 |
1er semestre 2021 |
Theresia SCHÜLLNER : Schriftstele I |
Theresia SCHÜLLNER : Schriftstele III |
Zao Wou Ki - Ciel - 2004 |
Dans ce numéro, notre rubrique PATRIMOINE rend hommage à Claude Vigée (1921-2020) avec des textes réunis par Michèle Finck et Maryse Staiber. Les nombreuses contributions prennent les formes les plus diverses : tantôt elles proposent des études de l’œuvre de Vigée, tantôt elles témoignent de l’homme et de l’œuvre ou évoquent des souvenirs. D’autres auteurs ont choisi d’offrir des textes de création inédits, tous en libre résonance.
Pour accompagner notre hommage, nous publions dix photographies inédites dont cinq ont été réalisées par Claude Vigée lors de ses séjours en Alsace au cours de l’été 1953. Alfred Dott, ami proche de Claude Vigée, est l’auteur des cinq autres. Qu’il en soit chaleureusement remercié.
Parmi les nombreux travaux réalisés à partir de manuscrits de Claude Vigée par Theresia Schüllner, une artiste plasticienne de Düsseldorf, nous en avons retenu quatre qui rythment l’ensemble.
Étant donné l’ampleur de l’hommage, ce numéro ne comporte que le dossier thématique HORIZONS et les NOTES DE LECTURE.
Il va sans dire que le numéro 136 de décembre 2021 reprendra tous les volets habituels de notre publication.
Nous vous souhaitons de passer un bel été, aussi serein que possible dans le contexte actuel. Nous espérons sincèrement être en mesure d’envisager dès que possible l’organisation d’une Assemblée Générale.
Maryse Staiber & Marie-Thérèse Wackenheim
Theresia Schüllner : Schriftstele I
PATRIMOINE : HOMMAGE À CLAUDE VIGÉE
Michèle Finck : Claude Vigée, le grand vivant : méditation autour
du mot « vie » dans l’œuvre de Vigée
Jean-Yves Masson : Tombeau de Claude Vigée
Freddy Raphaël : Pour Claude, ces mots et cette mélodie (« nigoun »)
que nous eûmes en partage
Gabrielle Althen : Visitation
Claire Hendrickx : L’école biblique de Bischwiller
Jean-Michel Maulpoix : J’ai attendu la neige
Aude Préta de Beaufort : Pour Claude Vigée : « le souffle errant de l’origine »
Jean-Paul Sorg : Les déambulations de Claude Strauss à dix-sept ans
avec Maxime Alexandre, rue de la Mésange
Claudine Helft : En hommage à Claude Vigée
Charles Fichter : Vigée, poète de la Résistance
François Lallier : Une arche de hasard
Patrick Werly : Une expérience de lecture
Yves Leclair : Lignes de myrrhe
Irène Gayraud : Tout le paysage un peu renard
Olivier Kachler : Ce cœur était le tien cratère
Helmut Pillau : Versuch über den Trotz bei Claude Vigée
Alain Fabre-Catalan : Dizains pour Claude Vigée
Anthony Rudolf : En attendant la fin : le centenaire de Claude Vigée
(traduction : Maryse Staiber)
Laurence Breysse-Chanet : Le flot de mots rouges
Isabelle Raviolo : La splendeur du précaire
Liliana Orlowska : Souvenirs d’une première rencontre avec la poésie
de Claude Vigée
Theresia Schüllner : Schriftstele II
Sébastien Labrusse : Un seul brin d’herbe
Alfred Dott : Ma rencontre avec Claude Vigée
Maryse Staiber : Wind, Kindheit (traduction : Claude Vigée)
Patrick Quillier : L’oreille éveillée par Claude Vigée
Michèle Finck : Sous le Rhin
Notices bio-bibliographies des contributeurs
Theresia Schüllner : Schriftstele III
HORIZONS
Anne-Lise Blanchard : Ciel sans compassion
Alain Fabre-Catalan : Lignes de fuite
André Ughetto : Horizons de mes enfances, horizon des événements
Emma Guntz : horizont
Françoise Urbain-Menninger : Les vignes de grand-père.
Ce soir le ciel est rose. Corbeille de fruits mûrs
Markus Manfred Jung : Corona. nebenenand. Missverständnis
Wendelinus Wurth : in de weltgschiicht rumtriiwe. Sisyphus
Eva-Maria Berg : horizont
Alexandre Burger-Bach : Que caches-tu donc sous ce sombre manteau ?
Richard Roos-Weil : Notes oubliées
Pierre Judide : D’horizon en horizon jusqu’au cœur du monde
Sophie Weill : Horizons lointains de temps anciens
Daniel Martinez : Traversée
Pierre Zehnacker : Ceux de quatorze. Comme un arbre.
Des oiseaux et des songes. J’ai vu la mer
Karlheinz Kluge : Sonntag, 21. Januar 1945
Mathieu Hilfiger : Les fleurs chimériques
Victor Saudan : Centovalli
Yves Rudio : E Ziel odder e Grenz
Marie-Yvonne Munch : L’horizon s’étire
Daniel Zahno : Die Flamme. Der Korken. Kräuter
Arnoldo Feuer : Stage Harbor Lighthouse
Kza Han : Rayon d’horizon
Denis Leypold : Papier sur mer
Frédérique Laurent : À l’infini des horizons marins
Jutta v. Ochsenstein-Nick : Wortreich. Wandeln. Am Drehkreuz
Max Ahlau : Territoires
João Botelho : Chez mes grands-parents. Le jardin
Laurent Bayart : Ma terre en habits de lumière. Un printemps
qui vous fait foi… dans le dos
Claude Vancour : Bischheim. Chemin-paix. Quand les yeux tâtonnent.
Langue, seconde devenue
Theresia Schüllner : Schriftstele IV
NOTES DE LECTURE
2ème semestre 2020 |
Le poème est le chuchotement d’un cri. L’ébruitement d’un secret. Au fond de lui, chantent les sirènes du silence. Il arrache l’invisible bâillon jeté sur le monde et donne la parole à l’indicible. Sa parole est allégée de toutes celles qu’il a effacées, mais augmentée de toutes celles auxquelles il a dû renoncer. Écrire un poème, c’est se taire davantage pour mieux dire. Alors il vient, chargé à bloc. Prêt à transmettre sa décharge. En lui, la parole tait plus qu’elle ne dit et elle agrandit le silence de sa résonance.
Le mot, sa profération, son intime résonance. Une prise éprise de son emprise. Écrire est un moyen d’entrer en résonance. Mot que l’on fredonne ou qui résonne, mais qui soudain nous éveille en plein rêve et nous dépose au milieu du ciel. Chaque mot doit s’effacer, céder la place au suivant pour résonner encore dans le corps qui le suit.
Pouvoir parler sans faire vibrer la voix. Être entendu, sans résonner dans une oreille. Tel est le prodige de l’écriture. Et son énigme. Au-delà du son parle une autre voix. C’est elle que je m’efforce d’entendre. La voix silencieuse de l’intime d’où naissent tous les chants. Cette voix n’est la voix de personne, mais elle le sait. C’est pourquoi elle peut devenir ma voix ou bien la tienne. La parole qui par écrit s’énonce invente une voix qui la prononce.
De nombreuses vies furent hantées et abîmées par le fardeau de quelques paroles, mais la vertu de quelques-unes en a également soutenu et éclairé bien d’autres. Le poids d’une parole. L’une brise, l’autre forge. L’une blesse, l’autre soigne. Prière ou malédiction. Promesse vivante ou arrêt de mort. Celle dont le plomb nous empoisonne et résonne encore dans cette chambre lointaine. Celle dont on voudrait se défaire, mais qui nous colle à l’âme. Celle qui allège et soulage. Celle qui soulève et se propage. Celle que l’on frotte entre les doigts pour en capturer l’effluve avant de la jeter comme un brin de lavande. Celle dont l’aile vibrante traverse le ciel d’un instant et nous indique la direction à suivre et celle, décisive, qui nous engage. Selon la balance, les mots ne pèsent rien ou sont plus lourds que le monde.
Sonia Delaunay - Prismes 1914 |