Quelques extraits du numéro 126
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Denis Leypold |
Jacques Goorma : Il se pourrait que je rêve
Au fond de tes yeux, quel obscur aiguiseur de couteaux, quel rêveur et de quel ciel, affûte l'âme et fait jaillir tant d'étincelles ?
Le monde peint son rêve sur du vide.
Nos rêves nous précèdent comme un phare. Nous les suivons dans l’ombre.
De la farine du sommeil est fait le pain du jour.
Chaque mot rêve d’un poème.
Le poème sonne comme un réveil au milieu d’un rêve.
Le rêve finit toujours par trouver un rêveur qui veuille bien le rêver.
Les rêves disparaissent sans se faner.
Le monde peint son rêve sur du vide.
Nos rêves nous précèdent comme un phare. Nous les suivons dans l’ombre.
De la farine du sommeil est fait le pain du jour.
Chaque mot rêve d’un poème.
Le poème sonne comme un réveil au milieu d’un rêve.
Le rêve finit toujours par trouver un rêveur qui veuille bien le rêver.
Les rêves disparaissent sans se faner.
Wir wollen
Traumrad fahren
in die Sonne
wo der Feuerkern
die Herzen verschmelzt
Einander lieben
himmelleicht
auf fliegendem Teppich
wenn der Wind
mit den Wolken sich streitet
Und baden
in der brandenden
Flut der Sonne
wenn das Licht
mit dem Schatten der Windrose spielt
Vergiss nicht
komm nicht zu spät
Kza
Han : Papillon d’obsidienne
Cette
nuit du solstice d’été
nuit en
protention
tu
étais là
dans la
chambre d’écho
transmué
en nœud quadratique
coagulé
de sève
sur la
porte de sapin.
Tel
astre en éclipse
brusquement
réapparu,
ton
ombre éclipsée
dans le
lampion hexaédrique
suspendu
au plafond lambrissé,
tu
frôlas éperdument
les six
parois
sans te
brûler
au
filament incandescent,
sans
qu’aucun ultrason
ne
transperce
mes
cavités tympaniques ?
Pierre Zehnacker : L'obscure chanson du rêve
Encore un mot et la chair se souvient
ces bruits ces eaux lentes
ces promesses familières
comme une nuée d’ombres distraites
et nos mensonges essaimant
tels des songes nocturnes –
Fragiles fleurs des ténèbres
vous nous espériez –
La
nuit respire
dans
les profondeurs du langage
remonte
vers la lumière
pour y
ravauder ses filets –
traces
pièges syllabes
où se
remémore la mer
sa
mortelle impatience –
Et ce
qui fermente
dans
l’obscure chanson du rêve
intime
fraîcheur de l’esprit
soubresauts
de l’âme inquiète –
les
yeux aussi s’ouvrent
et
voient le désarroi de tant de corps
jetés
dans l’espérance de durer –
Là,
dans l’ivresse, si simple,
mais
amère, de désirer.
Nathalie Riera : enfance
valériane enfance à feuilles diverses
c’était le calme des fragrances d’orange
les yeux toujours vers le nectar des
abeilles
& des feuilles sur la table rivée vers
le blanc de la page où rien à raconter
seulement dans un coin de ta tête
des essaims de phrases qui butinaient la
mélisse
enfance pour que reste toujours entre
vert et doré
tes feuilles de l’insouciance
& que tu meurs de tes feuilles blanches
quartiers de limes moins acides que le
citron
tu bois les mots les plus doux
nous raconter entre la pulpe et l’écorce
l’aube à épine ta jeunesse
que la foudre ne peut atteindre
de sa branche la plus épointée
mélisse enfance