REVUE
ALSACIENNE DE LITTÉRATURE
ELSÄSSISCHE LITERATURZEITSCHRIFT
Revue fondée par
Auguste Wackenheim, dirigée par lui de 1983 à 1996, par Adrien Finck de
1997 à 2007, puis Maryse Staiber jusqu'en 2023. Elle est éditée par l’Association des Amis de la Revue Alsacienne de Littérature.
Adresse
postale Les Amis de la Revue Alsacienne de Littérature
B.P.
30210
67005
STRASBOURG CEDEX
Courriel redac.revuealsacienne@gmail.com
Blog http://www.larevue-ral.blogspot.com
Comité de rédaction Eva-Maria Berg, Martine Blanché,
Alain Fabre-Catalan, Marie-Yvonne Munch,
François Blanché (trésorier)
Directrice de
la publication Martine Blanché,
Présidente de l’association
Secrétaire Alain Fabre-Catalan
Dépôt légal Décembre 2024
Impression Printot & Ixo imprimeurs Wasselonne
ISSN 0752 - 188X
La revue est le forum de notre vie littéraire en
triphonie : français, allemand dialectal et haut-allemand. Son esprit peut se
résumer par la formule « défense et illustration » d'une identité
ouverte. Elle affirme sa spécificité régionale pour d'autant mieux assurer sa
vocation transfrontalière, notamment dans l'espace rhénan.
La revue est semestrielle, chaque livraison (juin et
décembre) comporte 144 ou 152 pages. Elle accueille la création littéraire dans
toute sa diversité et est attachée à sa vocation médiatrice. Les principaux
auteurs de la région s'y expriment ; elle est également ouverte aux voix
nouvelles et accueille volontiers des premières publications. Par ailleurs, la
revue fait appel à des écrivains sur le plan national et international, tout en
accordant une place à la traduction littéraire. Chaque numéro comporte les
volets suivants : PATRIMOINE, DOSSIER THÉMATIQUE, VOIX MULTIPLES,
CHRONIQUES, NOTES DE LECTURE. La revue participe aux manifestations culturelles
de la région.
Die Revue alsacienne de littérature veröffentlicht Texte in den drei Sprachen – Französisch, Hochdeutsch, Dialekt – von regional, überregional und international bekannten Autoren. Andere Sprachbereiche (Englisch, Spanisch…) sind dank Übersetzungen vertreten und betonen die kulturelle Aufgeschlossenheit unserer Zeitschrift. Chroniken und Rezensionen dokumentieren die literarische Aktualität in einer offenen grenzüberschreitenden Perspektive.
Quelques échos critiques
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Revue Alsacienne de Littérature n°127 - Juin 2017
Maryline Bertoncini - Recours au Poème
Je
dois à l’amitié d’Eva-Maria Berg, poète humaniste dont plusieurs textes
figurent dans cette livraison, de découvrir, avec beaucoup d’intérêt,
cette revue trilingue (français, allemand dialectal et haut-allemand) dont
je ne puis apprécier l’intégralité des textes offerts, mais dont l’esprit résumé
dans la présentation : « défense et illustration d’une identité
ouverte. Elle affirme sa spécificité régionale pour d’autant mieux assurer sa
vocation transfrontalière, notamment dans l’espace rhénan », ne peut que
séduire un lecteur de Recours au Poème.
On
y trouve en effet, regroupés dans les 5 volets qui la constituent, et
que ponctuent les photos en noir et blanc prises en Chine par Anne-Marie
Soulier, des textes passionnants. Dans la partie « Patrimoine »,
4 articles sur Réforme et Contre-Réforme complétant la précédente
livraison, consacrée à la Réforme en Alsace dont on peut imaginer
l’intérêt, à la lecture des textes de Bernard Xibaut, Rémy Valléjo, Jérôme
Schweitzer et Gabriel Brauener, qui retracent aussi les sources de ce mouvement
religieux, capital dans la constitution de l’identité européenne.
Des
poèmes trilingues (pas tous traduits, beaux à voir, mais quel dommage de
n’en pouvoir saisir le suc) déclinent le thème du temps dans le « dossier
central », présenté par Anne-Marie Soulier – thème qui imprime aussi sa
teinte aux poèmes réunis dans les « voix multiples », amplifiant
encore ce que le regroupement donne à lire : l’impossible saisie d’un
concept, la victoire jamais acquise sur le temps, que les mots piègent parfois,
dans ce qu’Anne-Marie Soulier définit si joliment comme « les ruses
inattendues du langage, la danse des conjugaisons, l’improbable futur
antérieur d’un bal chez Temporel ». A défaut de pouvoir tout
citer, je retiens le « temps dévorant » d’Alain Fabre-Catalan, une
série de petites proses de Jean-Claude Walter consacrée aux saisons, les trains
de Claire Krähenbühl, et le « temps de neige au bord de la nuit » de
Roselyne Sibille, la beauté graphique des poèmes – pour moi illisibles – en
norvégien de Hanne Bramness, page 56, traduits par A-M Soulier sur la page
suivante, où l’on découvre la beauté des traces sur la neige-mémoire… 25 poètes
réunis pour cette ode au temps multiple.
Parmi
les « voix multiples », on repère six poèmes de Denise Mützenberger,
des proses de Marie-Yvonne Munch sous le titre « J comme jours »,
l’émouvant récit bilingue du « Petit Fritz » évoquant les morts de la
première Guerre Mondiale, par Jean-Christophe Meyer, et « Le Corps du
silence », d’Yvan de Montbrison, nous entraînant avec lui et toute la charge
d’émotion suscitée par sa vision baroque – réponse poétique aux thèmes de la
Contre-Réforme évoquée dans le volet historique de la revue :
« A la surface de la mort
il y a posée la citadelle du désastre
et ton corps épluché
comme un fruit de sa peau
laisse entrevoir son cœur
il y a posée la citadelle du désastre
et ton corps épluché
comme un fruit de sa peau
laisse entrevoir son cœur
(…)
mes deux jambes et la multitude des autres jambes
coupées
ont par ailleurs pour finir atteint le rivage
et s’enfoncent sans plus attendre silencieusement dans la mer
pour que nous y disparaissions à jamais noyés dans notre sang »
ont par ailleurs pour finir atteint le rivage
et s’enfoncent sans plus attendre silencieusement dans la mer
pour que nous y disparaissions à jamais noyés dans notre sang »
Le
numéro présente aussi, dans la rubrique fixe « chroniques », outre
des textes en langue germanique, un article de Jean-Claude Walter sur Nicolas
de Staël, une passionnante note de Jean-François Biellmann sur le sens caché du
monogramme d’Albrecht Dürer, ou une présentation de l’écrivain lorrain
quadrilingue Eugène Jolas par Claude Fisera. Des « notes de
lectures » abondantes et soignées complètent la livraison, largement
ouverte sur le monde.
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Revue Alsacienne de Littérature n°123 - juin 2015
Lucien Wasselin - Recours au Poème
L'Alsace compte trois langues : le français, l'allemand et l'alsacien (la langue régionale majoritaire, proche de l'alémanique). La Revue Alsacienne de Littérature publie des textes rédigés dans les trois langues : c'est là son intérêt principal, pour dire les choses abruptement.
La première partie est consacrée à la cathédrale de Strasbourg dont on fête en 2015 le millénaire. Si la préface de l'évêque JP Grallet, reprise de l'ouvrage La Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg / 1000 ans de Parole n'apprend rien de nouveau (la cathédrale comme moyen de "suppléer l'ignorance de l'écriture et de la lecture du plus grand nombre" - d'où cette expression du titre, 1000 ans de Parole, dont on remarquera le P majuscule…), certains des poèmes ont de quoi surprendre le lecteur : celui de Jean Arp et celui d'Yvan Goll. Mais pas celui de Paul Claudel dont on connaît l'attachement à la religion chrétienne. Arp a laissé en tant que poète le souvenir d'une personnalité marquée fortement par le dadaïsme et le surréalisme de son temps, caractéristique qu'on ne retrouve pas dans La Cathédrale est un cœur. Quant à celui d'Yvan Goll, il est ici publié dans la version de la Revue du Rhin (août 1939) différente de celle qui sera reprise dans le recueil Jean sans Terre (qui isole les quatrains et supprime les douze vers de la fin). Mais, le plus grand étonnement vient de la ferveur chrétienne de Jean sans Terre alors qu'Yvan Goll dans ce recueil exprime sa solitude de juif errant balloté entre deux cultures ; si ce poème est intéressant, l'isoler peut donner une image fausse de l'œuvre et du poète…
Peu de choses à dire de la deuxième partie, « Jeux », qui regroupe poèmes et textes de réflexion sur le jeu. Ne connaissant parmi les idiomes utilisés dans ce n°, que le français, je ne me bornerai qu'à cette remarque : un vers réduit au mot et n'est pas un vers ! Ceci dit, le lexique d'Anne-Marie Soulier, le texte en prose de Jean-Paul Sorg et la présentation de quelques types de jeu de Marc Chaudeur ne manquent pas d'intérêt…
De la troisième partie, « Voix multiples » je retiens le poème de Maryse Renard (Mots à la dérive) qui, placé sous le signe de Jules Laforgue peint la tristesse des promenades des internes d'un lycée et qui, par la répétition de certains vers, fait lointainement penser au pantoum. Une voix que je découvre, une voix à suivre. Ceux de Daniel Martinez qui visent juste. Les haïkus de Danièle Faugeras (qui s'affranchit de la règle de l'équivalence des mores et des syllabes) dont je retiens celui-ci qui me parle particulièrement : « un poème par jour / un message ami suffisent / à nourrir ma vie ». Et je n'aurai rien dit de Jean-Claude Walter dont j'ai chroniqué, il y a peu, Dans l'œil du dragon… Mais le lecteur pourra apprécier différemment les poèmes ici proposés…
La partie 4 « Chroniques » est, comme les précédentes, caractérisée par sa diversité. Qui se souvient encore du Grand Jeu ? Alain Fabre-Catalan propose sa vision des choses… La partie 5 « Notes de lecture » fait preuve d'une belle ouverture d'esprit tant au niveau des genres (roman, poésie, revue, anthologie poétique, livre d'art, essai…) qu'au niveau des éditeurs (Apogée, Arfuyen, Recours au Poème, L'Atelier contemporain, Andersen…) Gageons que cette livraison saura intéresser les lecteurs alsaciens par les langues dans lesquelles sont écrits poèmes ou articles, par l'accent mis sur la cathédrale de Strasbourg, mais aussi ceux d'autres régions françaises curieux de découvrir ce qui s'écrit en Alsace…
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Revue Alsacienne de Littérature n°122 - Décembre 2014
Matthieu Baumier - Recours au Poème
La Revue Alsacienne de Littérature consacrait son numéro 122 aux « utopies ». La chose est devenue osée, en général et en poésie
en particulier. Un sacré dossier ! Où l’on retrouvera, parmi d’autres, les
voix de Pierre Dhainaut, Anne-Marie Soulier, Karlheinz Kluge, Jean-Claude
Walter, Paul Schwartz, Michèle Finck, Claudine Bohi, Fabrice Farre, Eva-Maria
Berg, Laurent Bayard, Françoise Urban-Menninger… poèmes et textes, le tout
encadré par des œuvres de Lucia Reyes.
Dont, ceci de Paul
Schwartz :
« il ne s’agit pas d’arriver mais de prendre le chemin
faute de la fin les moyens
un point c’est
tout »
Un très bel ensemble mêlant
poèmes bilingues français/allemand, poèmes en français et poèmes en allemand,
comme il est de tradition en ce lieu.
La partie « Voix
multiples », environ la moitié du volume, donne à lire des auteurs et/ou
poètes comme Régine Detambel, Martine Blanché, Daniel Martinez ou Samuel
Dudouit. Viennent des essais dont le texte d’Alain Fabre-Catalan consacré à
Georg Trakl, poète assurément trop peu lu aujourd’hui. Une revue à découvrir, vraiment, si ce n’est déjà fait.
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Revue Alsacienne de Littérature n°121 - juin 2014
Malika Hadji - Recours au Poème
La Revue Alsacienne de Littérature est une
institution, en particulier dans le domaine de la poésie, et une institution de
très haute tenue. Ce 121ème numéro (tout de même !) placé sous le signe du thème
« commencer » ne déroge pas à la règle. Le dossier est l’une des 5
parties qui composent la revue, avec « Patrimoine », « Voix
multiples », « Chroniques » et des notes de lecture. Mais le
dossier, évidemment, en forme le cœur. On lira ici des voix diverses, qui
souvent comptent dans le paysage poétique français et européen actuel (car la RaL
est ouverte aux autres mondes que le nôtre et à toutes les langues, avec une
présence forte de l’allemand, espace frontalier oblige) : Anne-Marie
Soulier, Alain Fabre-Catalan, Dominique Deschênes, Eva-Maria Berg, Aline
Martin, Wendelinus Wurth, Peter Landel, Danièle Faugeras, Jean-Claude Walter,
Emma Guntz, Yves Rudio, Maryse Staiber, entre autres… Fortes et diverses, des
voix qui le plus souvent viennent de loin.
Il en va de même dans le choix des voix multiples, avec par
exemple des textes de Fernando Pinto do Amaral, Ivan de Monbrison, Jean-Paul
Gunsett, Thomas Letouzé, Claudia Scherer, Ronald Euler, Jacques-Henri Caillaud,
Helmut Pillau… Il nous semble utile en ce temps confus (que nos amis indiens
considèrent parfois comme une fin de cycle – kali yuga) de citer la
version française de ce beau poème de Matthieu Baumier, dédié à Rose Ausländer,
accompagné dans les pages de la revue d’une superbe version allemande signée
Eva-Maria Berg :
Je suis né
dans un pays de
neiges
et de cendres
Pays où l’on
n’arrive
Jamais.
Et que jamais,
on ne quitte ni ne
connaît
Pays d’où personne
ne vient,
où
le soleil croît
en larmes de
cendres,
débris de neiges
noircies
et d’âmes englouties
dans l’étincelle
des silences enfuis
Je suis né – ici,
ainsi que naît la
peur.
La confusion des esprits, nos amis indiens disent que c’est à
cela que l’on reconnaît ce qu’ils appellent kali yuga. Il y a beaucoup à
saisir et appréhender au loin de la place Saint Sulpice. La multiplicité des
voix et le refus de toute forme binaire de la pensée, cela répond à bien des
égarements contemporains.
Chroniques et notes de
lecture ferment les pages d’une revue que l’on a bonheur à lire.
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Revue Alsacienne de Littérature n°120 - Décembre 2013
Sophie d'Alençon – Recours au Poème
Le plus récent numéro de la Revue Alsacienne de Littérature
s’intéresse à « l’invisible ». Voilà qui ne peut qu’attirer notre
troisième œil, et donner envie d’aller voir ce qui se cache derrière le voile
de la couverture… bleue ciel. D’autant que la RAL affiche le bel âge de trente
ans. Ici, tout est symbole, pas de doute là-dessus. Le thème propose des textes
nombreux et aux optiques diverses : Jacques Goorma (un texte et des
poèmes), Alain Fabre-Catalan, Fabrice Farre, Alain Helissen, Karl-Heinz Kluge,
Sylvie Le Scouarnec, Anne-Marie Soulier, Emma Guntz, Kza Han, Michèle Finck,
Eva-Maria Berg, Yves-Jacques Bouin, Germain Roesz, Jean-Pierre Verheggen,
Jean-Paul Gunsett, Françoise Urban-Menninger, Jean-Claude Walter, Maryse
Staiber, Laurent Bayard, Martine Blanché, Taja Kramberger, Aline Martin, Gerda
Mucker-Frimmel, Sylvie Durbec, Muriel Stuckel et Claudine Bohi. Cette simple
énumération montre aisément la richesse et l’ampleur de cette recherche de
l’invisible. Ainsi,
Sylvie Durbec :
Etoile
filante
cette nuit
dans la fenêtre
ouverte
Et alors ?
Rien.
Jacques
Goorma :
Si le regard se retournait vers lui-même, comme pour
aller boire à la source de tout ce qui apparaît, que verrait-il ? Rien.
Car la lumière ne peut se voir elle-même.
Peu après, Alain Fabre-Catalan donne un appel « Pour une
poétique de l’invisible ». Et Claudine Bohi, plus loin, pose que « le
monde parfois / ne recommence pas ». Un fort et intéressant dossier thématique.
Comme à son habitude, la Revue
Alsacienne de Littérature propose ensuite des Voix multiples de poètes et
des chroniques. Rappelons que nombre de textes sont ici édités de façon
bilingue.
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Revue Alsacienne de Littérature n°118 - Décembre 2012
Veneranda Paladino – Reflets DNA
La
livraison hivernale de la Revue
Alsacienne de Littérature fait tomber les masques, en interroge dans son
dossier thématique toutes les acceptions. Au chapitre Patrimoine, hommage y est rendu à André Weckmann. Des dessins
originaux de Germain Roesz relèvent d’une tonalité particulière la lecture de
ce numéro n°118.
Il ne faillit jamais au principe d’espérance. « Des repositionnements
politiques et culturels affirmés par nos années soixante-dix, André Weckmannn
fut l’un des premiers inspirateurs. Une autorité, un repère, en des
mobilisations intellectuelles et militantes que la fin de cette décennie-ci
ressuscite parfois beaucoup plus naïvement ». Plus de dix ans après
publication, la réflexion d’Antoine Wicker, notre ancien collègue, journaliste
fin connaisseur de la scène culturelle alsacienne, conserve toute sa
pertinence. Et les écrivains qui, de part et d’autre du Rhin, rendent hommage à
l’immense poète dans la Revue Alsacienne
de Littérature, renvoient d’autres miroitements d’une œuvre à l’intense
triphonie, fécondée par l’interaction entre les trois langues. Jean-Paul Sorg,
Aline Martin, Claude Vancour, tous, saluent l’homme de la rencontre, la générosité,
le chant profond qui résonne entre ses écrits à la stupéfiante diversité.
Poèmes, romans, essais, nouvelles contes, pièces, parodies, allégories, etc. «
Nous sommes encore très loin d’avoir pris la mesure de son œuvre »,
constate Jean-Paul Sorg. Claude Vancour se souvient du sourire du « toujours
accueillant André », celui qui « était noir-blanc-bis, et disait l’amour en
alsacien ».
«
L’homme met toute une vie à retrouver son premier visage. D’ailleurs, le
retrouve-t-il jamais ? » L’interrogation existentielle de Gaston-Paul Effa
prolonge l’engagement du poète disparu. C’est l’une des passionnantes
contributions au dossier consacré aux masques qu’introduit d’une précision
étymologique Paul Schwartz – dans le vis-à-vis stimulant d’une aquarelle dessinée
par Germain Roesz. Numérotés de I à V, ses masques figurent le renversement de
nos perceptions. Et dynamisent la lecture de ce numéro 118 qui s’achève
comme toujours, par des chroniques et notes, – retentissants échos de voix
multiples.
DNA – Reflets 22.12.2012
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Revue Alsacienne de Littérature n°117 - Juin 2012
Georges Cathalo – revue-texture.fr
Cette solide revue bien implantée en
Alsace mais ouverte à la diversité a été fondée en 1983 et poursuit sans tapage
son chemin fertile. Elle est éditée par une dynamique association d’où l’on
peut relever les noms de quelques poètes tels que Laurent Bayard, Jean-Claude
Walter ou Jacques Goorma. La RAL propose de nombreux textes en version
bilingue, alsacien et français, tout en diversifiant les approches de la
création actuelle. Ainsi on peut y lire sous le chapeau « Cheminements »
d’excellentes contributions de Pierre Dhainaut, Yves Leclair, Anne-Marie
Soulier, Florence Trocmé ou Yves-Jacques Bouin. Sous l’intitulé « Voix
Multiples », les nouvelles côtoient les poèmes avec des écrits de
Jean-Paul Sorg, Michel Baglin ou Françoise Urban-Menninger. Avec la rubrique « Patrimoine »,
la RAL rappelle ses racines alsaciennes avec les poèmes bilingues de
Paul-Georges Koch. En point d’orgue final, on trouvera quelques notes de
lecture mais surtout le texte du discours sur la traduction qu’Yves Bonnefoy a
prononcé fin 2011 à l’Université de Naples.
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Revue Alsacienne de Littérature n°113-114 - Juin 2011
Françoise Urban-Menninger – e-litterature.net
Cette belle et luxueuse
revue régionale a été créée en 1983 par Auguste Wackenheim, il l’a dirigée avec
passion jusqu’en 1996, puis Adrien Finck a pris le relais dans le même esprit
de 1997 à 2007, il a été suivi par Maryse Staiber, l’actuelle directrice de la
publication.
Revue littéraire unique en son genre qui célèbre
la "triphonie", terme cher à ses fondateurs, la revue Alsacienne de
Littérature presque trentenaire, a ouvert largement ses pages aux auteurs
contemporains de la région rhénane s’exprimant en français, en allemand ou en
alsacien. Des écrivains tels que Jean-Claude Walter, Syvie Reff,
Emma Guntz, Gaston Jung, André Weckmann, Albert Strickler, Gérard Pfister,
Claudia Scherrer et bien d’autres ainsi que de nombreux plasticiens y ont
trouvé une tribune de choix pour y publier poèmes, nouvelles et notes diverses.
Avec le numéro double 113-114, la revue prend un
nouveau virage et confirme des options depuis longtemps pressenties. Autour de
Maryse Staiber, Anne-Marie Soulier, Paul Schwartz, Jean-Claude Walter, Alain
Fabre-Catalan, Jacques Goorma, Gaston Jung, Muriel Stuckel, tous écrivains et
membres du comité de rédaction, ont élaboré une nouvelle formule de la revue.
Celle-ci paraîtra deux fois l’an, permettant ainsi la
coexistence d’un dossier thématique tout en préservant une large place aux
autres textes et plus particulièrement au volet intitulé "Patrimoine"
qui contribuera à valoriser un fonds culturel parfois méconnu ou encore inédit.
D’emblée, le lecteur ne peut être que séduit par cette
parution qui change également de forme. Le format, la couleur violine et la
texture du papier suscitent la curiosité et génèrent une certaine gourmandise
littéraire... Le thème "enfances" célèbre à merveille ce renouveau et
les auteurs, Hanne Bramness, Sylvie Troxler-Lasseaux, Judith Chavanne, Ludovic
Degroote..., apportent à ce numéro une fraîcheur qui fait dire à Anne-Marie
Soulier dans sa présentation qu’ils "nous offrent, comme au creux de leurs
mains, l’eau même où viennent s’abreuver les ruisseaux innombrables de
l’enfance". Quant au volet "Patrimoine", il nous enchante avec
une traduction française inédite du poème Worte de Jean Hans Harp et une
prose récente Baba Schott d’André Weckmann.
A n’en pas douter, le pont symbolique, dessiné par
Camille Claus, représenté sur la couverture, relie non seulement le passé au
présent en préfigurant l’avenir mais invite également les auteurs des deux
côtés du Rhin à édifier les pontons d’une littérature européenne, voire
"extra-européenne", selon les termes de Maryse Staiber, notamment à
travers la traduction. Le lecteur conquis n’a d’autre choix que de se laisser
emporter d’une rive à l’autre au fil des mots et du temps qui passe en retenant
ces quelques vers d’Alain Fabre-Catalan : "Errante et singulière,
dans le courant qui s’en retourne, / aucune source ne tarit sur les brisées du
vent".
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Revue Alsacienne de Littérature n°113-114 - Juin 2011
Laurent Bayart – La revue Traversée
Exceptionnelle longévité pour cette publication littéraire triphonique
(français, allemand et alsacien), fondée en 1983, qui sort ces temps-ci un copieux double
numéro avec un nouveau profilé, maquettage audacieux et joliment réussi !
Changement de format et de look pour un nouveau départ avec, comme talisman de
couverture, un « haïku dessiné » de l’artiste alsacien Camille Claus. Ce pont
symbolique nous invite à relier les différentes expressions linguistiques de
notre région, mais aussi d’assurer le dialogue avec les littératures
européennes, notamment à travers la traduction insiste la directrice de la
publication Maryse Staiber.
En
préliminaire, on découvrira un long poème de Jean Arp mais aussi des extraits
de « Langue de plaisir » d’un des fondateurs de la revue et de la
thématique de la triphonie, Adrien Finck : elle n’est pas ma langue de travail,
du discours de chaque jour. Le père du principe de réalité me permettra ce
petit jeu : elle est ma langue de plaisir. Alors, jouons de cette langue. Qu’elle
soit la langue de notre poésie.
Cet
ample numéro de 144 pages se décline sur la thématique Enfances avec
d’intéressantes contributions, rassemblées par Alain Fabre-Catalan et
Anne-Marie Soulier. J’ai pour ma part été sensible à celle de Françoise
Urban-Menninger « La limonade » où est narrée, avec délectation,
l’artisanale fabrication du kéfir de fruits fermentés qui suscitait parfois de
sacrées surprises : « Dans la chaleur de la nuit, plusieurs explosions
réveillèrent la maisonnée en sursaut. Sous la pression des gaz produits par la
fermentation excessive, les couvercles avaient sauté… »
Très
beau et émouvant texte également que celui de Sylvie Troxler-Lasseaux, un rêve
éveillé, durant lequel, l’espace d’un songe, les ombres disparues viennent se mélanger
à la lumière des vivants pour de joyeuses retrouvailles : « Voilà enfin
grand-mère ! On dirait Mary Poppins avec son chapeau blanc, son petit chignon
dans la nuque, sa robe de velours blanc et son tablier en dentelles. » Et
plus loin, cette tendre confidence d’un mort à sa fille : « C’est dur de
grandir sans toi, papa. – Je sais, ma chérie. Sache que je serai toujours avec
toi, où que tu sois… »
A
signaler aussi cette prose de l’auteur roumain Elena Brandusa Steiciuc « Une
enfance en Bucovine ». Bijou de récit littéraire dans lequel est décrite
la petite ville du nord-est roumain des années soixante, siège d’un superbe
monastère, Suceava. Des rues dont le macadam résonnait sous les sabots des
chevaux… On y retrouve cette généreuse et sublime Roumanie où la poésie est
quasiment partout présente : « Si tu veux que les enfants que tu auras
restent en vie, donne-leur des noms de fleurs ! »
La
Revue Alsacienne de Littérature
poursuit ce singulier voyage dans les voix multiples d’une littérature qui s’habille
chaque fois différemment, mais offre la diversité des rendez-vous et autres inspirations
impromptues.
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Revue Alsacienne de Littérature n°111 et n°112 - 2010
Le dossier du numéro du troisième trimestre 2010, « Seuils, passages, (dés)-enchantements », donne à lire des textes très
divers de Patrick Werly, Florence Trocmé, Alain Fabre-Catalan ou André Ughetto,
et plusieurs photos de Frédéric Soulier (à qui l'on doit la belle couverture et
les illustrations intérieures). Le numéro suivant, consacré au thème
« Ciels », au pluriel, est particulièrement réussi, avec des
contributions de Jacques Goorma, Michèle Finck, Jean-Michel Maulpoix, ou encore
Jean-Baptiste Para. « L’art de creuser d’une aile brisée », annonce l’éditorial
de Muriel Stuckel : creusons, en lisant, les ciels de ces auteurs réunis.