mercredi 16 mars 2016

RAL n°124


2ème semestre 2015
MUSIQUES

Thou tun’st this World below, the Spheres above,
Who in the Heavenly Round to their own Music move.

Nicholas Brady & Henry Purcell, Hail, Bright Cecilia ! (1692)

Toi qui accordes le Monde ici-bas sur la Musique des Sphères en leur Ronde céleste.

Ode à Sainte Cécile

Notre premier rythme perçu est celui d’un cœur de mère, dans notre sphère d’avant ce monde. Après la déchirure suivront les battements de notre solitude, et la scansion de nos pas dans l’exil.

Variations inépuisables du rythme, la musique et la poésie nous réenchantent de la certitude de ce cosmos perdu. De la voix nue du chanteur ou du scalde aux tutti prodigieux de l’orchestre, il suffit de faire silence pour sentir leurs vibrations s’harmoniser à nos ondes intérieures, surtout lorsque le lied, la mélodie, le chœur, toute alliance entre paroles et musique portent la jouissance à son paroxysme.

Paradoxe : des lèvres du flûtiste aux doigts sur les cordes, cet art de l’invisible passe inévitablement par un corps. Un corps qu’il faut briser pourtant, domestiquer, creuser tel le premier roseau livré au passage du souffle. Ce qu’on appelle « jeu » est le fruit d’un long parcours de mortifications et de recommencements dans l’espoir d’une transcendance éphémère.

Savante ou populaire, incantation, comptine, hollywood ou bollywoodienne, monodique ou symphonique, improvisée ou longuement apprise, la musique est Une. Tout objet peut chanter, les astres eux-mêmes émettent des fréquences mesurables et donnent lieu à des créations nouvelles (le Soleil vibre en sol dièse !).

Et si les larmes qui jaillissent lorsque l’on s’abandonne à l’écoute répondaient à l’appel de notre en-deçà aquatique – et à la promesse d’un au-delà encore inouï ?

Anne-Marie Soulier

__________________________________                                                          
__________________________________


ÉDITORIAL


Pour le dossier PATRIMOINE, nous avons fait le choix de donner la voix à deux poètes du Sundgau, Nathan Katz et Adrien Finck. Leur inspiration poétique est profondément marquée par un rapport musical à la langue, un aspect favorisé par la nature même de leur dialecte natal, le sundgauvien. En effet, cette variante dialectale du Haut-Rhin, aux confins de la frontière suisse, se caractérise par une richesse sonore, notamment par les désinences finales en a, dont les deux poètes ont su jouer avec bonheur. Espérons que nos lecteurs trouveront plaisir à découvrir toute la saveur de cette musique. 

Le thème MUSIQUES se poursuit avec notre dossier thématique qui a rencontré un vif écho auprès des auteurs, signe du lien étroit entre musique et poésie et, plus largement, entre musique et écriture. Remarquons la présence d’un manuscrit inédit de Pierre Dhainaut. Par ailleurs, le provençal, l’une des langues régionales de France, ainsi que le grec moderne, sans oublier le norvégien, bien entendu toujours avec des traductions, figurent au sommaire.

Pour accompagner ce numéro, notamment le thème MUSIQUES, Denis Leypold nous propose cinq photos, dont certaines ont été prises dans l’atelier d’un luthier.

Les rubriques habituelles VOIX MULTIPLES, CHRONIQUES et NOTES DE LECTURES viennent compléter ce numéro.

Nous vous présentons nos vœux les plus chaleureux pour les fêtes de Noël et pour la nouvelle année.

Maryse Staiber et Marie-Thérèse Wackenheim

Le site internet dédié à la revue, créé par Alain Fabre-Catalan qui en assure l’administration, rend compte de notre actualité littéraire. Les auteurs y trouveront les informations utiles concernant les thèmes abordés dans les prochains numéros. Le dossier thématique du numéro 125 de Juin 2016 s’intitulera MYSTÈRES.